Analyse comparative du coût du chauffage selon la source d’énergie : Gaz, Bois, Fioul, CPCU, Electricité

En résumé
Lors d’une rénovation énergétique, il est parfois difficile de choisir la source d’énergie de sa copropriété, ou de décider le changement de la source existante. L’étude de cinq sources d’énergie pour le chauffage met en lumière les aspects économiques, environnementaux et pratiques de chaque option. Des informations et conseils sont donnés afin de guider les copropriétaires vers des décisions éclairées.

Lors de travaux de rénovation énergétique, le coût des énergies peut influencer le choix de l’installation d’un nouveau système de chauffage dans un bâtiment. Dans cet article, nous proposons une comparaison des prix de cinq sources d’énergie utilisées pour le chauffage : le gaz, le bois, le fioul, le CPCU (Chauffage urbain) et l’électricité.

 

  • 1. Gaz :

 

En France, les immeubles d’habitation utilisent souvent des systèmes de chauffage et d’eau chaude sanitaire alimentés au gaz pour leur efficacité et leur fiabilité. Ces systèmes, généralement centralisés, sont souvent :

  • Pour le chauffage : des chaudières à gaz qui chauffent l’eau circulant dans les radiateurs ou les planchers chauffants. 

  • Pour l’eau chaude sanitaire, les chaudières peuvent produire de l’eau chaude de plusieurs façons (production d’eau instantanée, production puis stockage dans un ballon (chaudière à accumulation), production puis récupération de chaleur à partir des fumées issues de la production pour produire de nouveau (chaudière à condensation)). 

 

Il est à noter qu’une chaudière à condensation a un rendement de 100 à 110 % contre 80 à 90 % pour une chaudière dite “classique”, c’est-à-dire à production instantanée.

 

Une chaudière à gaz déjà existante dans un immeuble d’habitation collective peut-être remplacée par une nouvelle chaudière, plus performante. Il est aussi possible qu’un bureau d’étude thermique vous recommande de changer une chaudière à fioul ou à charbon pour une chaudière à gaz pour réduire l’émission de gaz à effet de serre.

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles les chaudières à gaz peuvent être recommandées, à la place d’une pompe à chaleur par exemple. Cela peut être en raison d’un coût d’achat et d’installation plus faible, d’une installation et d’un raccordement facilités si une infrastructure existait déjà (contrairement à une pompe à chaleur qui peut nécessiter plus d’espace et un réseau supplémentaire). Les nouvelles chaudières peuvent également être équipées de thermostats intelligents ou d’autres technologies pour mieux contrôler la consommation d’énergie.

Le prix du gaz est généralement compétitif par rapport à d’autres sources d’énergie. Cependant, les fluctuations sur le marché mondial peuvent entraîner des variations de prix importantes.

 

Evolution du prix du gaz naturel ces cinq dernières années

  • 2. Fioul :

 

Le fioul, combustible dérivé du pétrole, est principalement utilisé dans les chaudières domestiques. Son prix peut être sujet à des fluctuations importantes en raison de facteurs géopolitiques et de la demande mondiale de pétrole.  Le fioul est le mode de chauffage le plus émetteur de gaz à effet de serre (émission de CO2eq (324 gCO2eq / kWh), suivi du gaz (227 gCO2eq / kWh), de l’électricité (147 gCO2eq / kWh en moyenne en France)).

 

De plus, malgré l’installation massive de ce type de chaudière entre 1940 et 1980, le décret n° 2022-8 du 5 janvier 2022 rend désormais impossible l’installation d’une chaudière au fioul (ou au charbon) neuve dans un bâtiment neuf ou dans un bâtiment existant (y compris en remplacement d’un équipement existant).

 

  • 3. Réseau de chaleur urbain :

 

Le réseau de chaleur urbain est un système de chauffage centralisé à l’échelle d’une ville ou d’un quartier fournissant de la chaleur à partir d’une source centrale, telle que des centrales thermiques (par exemple, des centres d’incinération des déchets ménagers).  Ainsi, les déchets peuvent être revalorisés sous forme d’énergie thermique (c’est-à-dire de chaleur), ou sous forme de biomasse solide (bûches, plaquettes, granulés de bois, liqueur noire et résidus agricoles et alimentaires). 

 

Bien que ce système puisse offrir une stabilité des prix, il est souvent limité aux zones urbaines équipées d’infrastructures adéquates.

 

A Paris, le réseau de chaleur urbain (CPCU) est composé de 40 % de gaz donc son coût semble, aux premiers abords, dépendre du coût du gaz. Cependant, il peut également utiliser d’autres sources d’énergie telles que la biomasse, la géothermie, ou des déchets urbains, en fonction de la région et de l’infrastructure spécifique du réseau de chaleur. Dans certains cas, le réseau de chaleur urbain peut également récupérer la chaleur résiduelle générée par des processus industriels ou des centrales de production d’électricité.

Mix énergétique du réseau de chaleur urbain à Paris  (Source : Compagnie parisienne de chauffage urbain fournit à ses clients, habitants de la métropole parisienne )

Le prix du réseau de chaleur urbain peut donc être influencé par plusieurs facteurs, dont le coût des différentes sources d’énergie utilisées dans sa production. Cependant, par rapport à une chaudière individuelle fonctionnant au gaz, le réseau de chaleur urbain peut offrir une stabilité des prix, car il peut bénéficier d’économies d’échelle et de diversification des sources d’énergie, ce qui peut contribuer à atténuer les fluctuations du prix du gaz.

Dans tous les cas, lorsqu’on évalue le réseau de chaleur urbain comme option de chauffage, une consultation avec les opérateurs du réseau de chaleur urbain local peut fournir des informations sur la composition spécifique du mix énergétique utilisé dans le système, ainsi que sur les tendances de prix à long terme. Pour savoir si un réseau de chaleur urbain se trouve proche de vous et donc vérifier la possibilité d’un raccordement, vous pouvez vous rendre sur le site https://france-chaleur-urbaine.beta.gouv.fr/carte .

 

  • 4. Électricité :

 

L’électricité est une option de chauffage pratique et largement disponible. Son coût dépend notamment du fournisseur, du tarif choisi (offres de marché ou tarifs réglementaires) ainsi que du type d’abonnement (Tarif Bleu, Vert Energie, Heure Creuse / Heure Pleine, etc.).

 

Les systèmes de chauffage utilisant l’électricité sont : 

  • le radiateur électrique : Ce sont des appareils de chauffage simples et faciles à installer. Ils fonctionnent en convertissant l’électricité en chaleur, généralement via des éléments chauffants intégrés. Le radiateur électrique peut être un convecteur ou un radiateur à rayonnement. Il s’agit d’un mode de chauffage individuel.

  • le plancher chauffant électrique : Ce système consiste en des câbles chauffants ou des tapis chauffants installés sous le revêtement de sol. Ces planchers fournissent une chaleur uniforme et peuvent être contrôlés par zone pour un confort personnalisé. Il s’agit d’un mode de chauffage individuel.

  • la pompe à chaleur électrique : Ce système extrait la chaleur de l’air, de l’eau ou du sol à l’extérieur et la transfère à l’intérieur pour chauffer un espace. Elle peut être très efficace, surtout dans les climats modérés. Les pompes à chaleur électriques peuvent également être réversibles pour fournir de la climatisation en été. Ces équipements peuvent être individuels (à l’échelle d’un appartement) ou collectifs (pour tout un immeuble).

  • la chaudière électrique : Les chaudières électriques utilisent l’électricité pour chauffer de l’eau, qui est ensuite distribuée dans un système de chauffage central pour chauffer un bâtiment. Elles sont souvent utilisées dans les zones où le gaz naturel n’est pas disponible ou lorsque d’autres options de chauffage ne sont pas pratiques. Il s’agit d’un mode de chauffage collectif.

 

Chacun de ces modes d’utilisation de l’électricité pour produire de la chaleur a ses propres avantages et inconvénients en termes de coûts, d’efficacité énergétique, de confort et d’impact environnemental. En termes d’efficacité, 1 kWh d’électricité ne permet pas de produire la même quantité de chaleur en fonction des systèmes de chauffage . Par exemple, une pompe à chaleur électrique a un rendement de 4 contre un rendement de 1 pour un radiateur électrique. Cela veut dire qu’un kWh d’électricité permet de produire 4 kWh de chaleur contre 1 kWh de chaleur pour le cas du radiateur.

 

Le choix du mode de chauffage électrique dépend souvent de facteurs tels que la taille du bâtiment,  les préférences personnelles et les considérations budgétaires.

 

  • 5. Bois :

 

Le bois est une source d’énergie renouvelable largement disponible, souvent utilisée dans les zones rurales. Son prix peut être relativement stable, bien qu’il puisse varier en fonction de la disponibilité locale et du type de bois utilisé.

 

Comparaison des prix :

 

Pour illustrer cette comparaison, nous avons réalisé une courbe des prix moyens de ces cinq sources d’énergie année par année entre 2020 et 2024. Ces courbes mettent en évidence les fluctuations de prix et permettent d’évaluer la rentabilité à long terme de chaque option de chauffage.

 

On observe sur ce graphe qu’à la suite de l’augmentation du coût du gaz (notamment causée par la guerre en Ukraine), le CPCU est devenu plus économe que le gaz. 

 

Il est aussi important de noter que ce graphique indique le prix du kWh d’énergie en amont de l’émetteur de chaleur. La consommation de l’énergie de l’immeuble dépend des systèmes de chauffage qui s’y trouvent. Ces systèmes n’ont pas tous le même rendement donc pas tous la même consommation d’énergie et ainsi pas la même charge sur la facture d’énergie de l’immeuble. 

Par exemple, une pompe à chaleur ayant un rendement de 4 aura besoin de moins d’énergie (électricité) qu’une chaudière à gaz dont le rendement est de 0,8.  Si l’on prend en compte ces rendements, on a alors les coûts suivants :

Le gaz devient alors “plus cher” que l’électricité. Le système de chauffage choisi pour l’immeuble influence donc beaucoup la consommation d’énergie. Il est important de prendre en compte la performance d’un système de chauffage dans le choix des travaux, et non pas seulement le coût des énergies.

 

Conclusion :

 

Le choix de la source d’énergie pour le chauffage d’un bâtiment dépend de divers facteurs, y compris la disponibilité locale, les coûts initiaux d’installation, les considérations environnementales et les fluctuations des prix. Il est essentiel pour les copropriétaires de prendre en compte ces éléments et de comparer les options disponibles afin de prendre une décision éclairée et économiquement avantageuse.

 

En définitive, bien que le gaz naturel puisse être une option populaire en raison de son prix compétitif et de la facilité d’installation de ses systèmes, d’autres sources d’énergie telles que le bois ou les systèmes de chauffage urbain peuvent également être viables, en fonction des besoins et des contraintes individuelles.  Il est notamment à remarquer que suite à l’augmentation considérable des prix des énergies ces dernières années, le prix du CPCU est devenu avantageux parmi les différentes énergies de chauffage.

 

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